Cliché(s) de Clémence Garzo
La pellicule photo de nos smartphones dévoile des fragments de nos vies.Je me plonge dans celle de Clémence pour découvrir ce que ses photos prises à la volée peuvent dévoiler d’elle.
À l’heure où nous sommes tous agrippés à nos smarphones, que nos mains sont armées d’appareils photos, et que nous sommes désormais en mesure de déclencher un cliché en effleurant d’un seul doigt l’écran de notre appareil avec vivacité et spontanéité, n’avons-nous pas envie de découvrir ce que cela pourrait dévoiler de nous?
Que ces photos soient prises à la volée ou qu’elles soient plus posées - qu’elles soient harmonieuses ou disgracieuses - qu’elles soient audacieuses ou malicieuses - qu’elles soient nettes ou floues - qu’elles soient maladroites ou maîtrisées - ou encore incongrues ou attendues - ces photos ne sont-elles pas prises avec une seule même intention, celle de se souvenir et de maintenir en mémoire quelque chose que l’on pense finir par oublier?
Alors que sont ces photos? Quel rôle ont t-elles? Est-ce pour s’inspirer, pour travailler, pour se regarder, pour se rappeler, pour les garder, pour les regarder, pour se remémorer, et peut être aussi pour ne pas oublier?
De multiples raisons qui aiguisent ma curiosité en tant que photographe et que j’avais envie d’explorer et de faire partager pour que l’on puisse aussi s’interroger soi-même sur le rapport que l’on a avec notre pellicule photos.
Avant de découvrir ce que la pellicule de Clémence veut bien nous dévoiler, je vais dérouler brièvement une partie de la pellicule de sa vie.
À présent je laisse se dévoiler Clémence via sa pellicule photos.
Clémence Garzo : fée du beau, et bien dans sa peau !
Clémence est de celles qui s’amusent avec l’objectif, pourtant derrière cette allure assumée et gracile, son histoire est marquée par les travers toxiques du mannequinat qu’elle a traversé très jeune, et qu’elle dévoile aujourd’hui sans complexe.
C’est à l’âge de 15 ans que Clémence débute dans le mannequinat. Après avoir remporté un concours, elle entre dans l’agence Metropolitan Agency. À ce moment-là, elle vit à Aix-en-Provence et est encore au lycée. Elle se prête au jeu et s’en amuse lorsqu’elle “monte” à Paris pendant les vacances scolaires. C’est ensuite après son bac qu’elle décide de s’installer dans la capitale, au début pour faire une école de commerce, et rapidement pour se lancer entièrement dans sa carrière.
Elle change alors d’agence et va chez Next. Elle se donne un an. Durant cette période, elle passe des castings, décroche et enchaîne des contrats, mais s’en voit aussi refuser à cause de son poids. On la dit trop grosse par rapport aux standards attendus. Il faut se rappeler qu’à cette période-là, c’était l’époque de Kate Moss, la mode et la tendance étaient aux femmes filiformes. Elle ne se rend pas compte de l’incidence de ces différents refus qui ont de manière insidieuse, impactés sa manière de penser et de s’alimenter. Elle est jeune, fragile et vulnérable, c’est comme ça qu’elle tombe dans l’anorexie. Paradoxalement, c’était le moment où elle signait le plus de contrats, il lui était difficile de s’échapper de cette spirale malgré les mises en garde de sa famille.
C’est lorsqu’elle descend à 45 kilos que son agence finit par la convoquer pour l’alerter sur son état de santé. Elle accepte d’écouter ses parents, met un frein à sa carrière et change radicalement de vie.
Elle se rend durant quelques mois à Boston, elle y découvre une vie étudiante classique tout en se perfectionnant en anglais. Cette expérience la faite renouer avec elle-même et avec son envie de vivre “une vie normale”. Loin des injonctions liées au culte de la perfection, elle retrouve le goût des choses progressivement, et retrouve une relation apaisée avec la nourriture. À son retour, elle se sent guérie. Elle reprend ses études et allie le mannequinnat comme activité secondaire, ce qui lui permet de ne pas avoir de pression et de prendre les choses plus simplement avec plus de hauteur.









Aujourd’hui, Clémence aime la mode autrement. Elle est personnel shopper et accompagne des femmes à s’habiller pour leur permettre de se sentir belle, et bien dans leur peau. C’est une fée du beau.
Elle partage ici son histoire pour briser les tabous autour des troubles alimentaires dans le mannequinat, mais aussi pour rappeler qu’on peut toujours trouver un chemin vers la guérison.
À présent, je laisse Clémence se dévoiler via sa pellicule photos.
Quel type de photos il y a dans la pellicule photos de ton smartphone ?
Mes enfants, mes voyages comme l’Afrique du Sud, l’Australie, le Mexique et ma vie parisienne de tous les jours (expo, food, style).
2. Combien tu as de photos dedans ?
42 238 photos
3. Qu’est-ce que tu penses que ça pourrait dire de toi ?
J’adore immortaliser mes enfants, ma famille et mes voyages. J’aime retourner quelques années en arrière et replonger dans des super souvenirs de voyage. Je suis assez nostalgique.
4. Est-ce que tu vois ta pellicule photos comme une boîte à souvenirs ou plutôt comme une boîte à outils pour travailler ou éventuellement t’inspirer?
Les deux. C’est une boîte à souvenirs incroyables.
Ma grand-mère est décédé il y a seulement deux semaines et j’ai voulu revoir toutes les photos avec elle. J’ai regretté de ne pas en avoir pris plus. J’ai aussi beaucoup de photos développées avec elle quand j’étais enfant.
Cela me sert aussi pour mon travail. Je suis personnal shoppeuse et je dois faire régulièrement des photos des nouvelles collections des marques de mode/ luxe.
5. Est-ce que tu prends le temps de les classer ou de les imprimer?
Oui je fais des albums pour mon travail. J’ai un album « marques mode luxe » et aussi un album « to buy ». J’imprime de temps en temps via un site pour ma famille ou aussi pour la chambre de mes enfants.
6. Est-ce que tu voudrais bien me partager quelques photos qui s’y trouvent ?









7. Qu’est-ce que c’est une belle photo pour toi ?
Une photo prise à la lumière du jour. Le soleil sur le visage donne des jolies photos sans trop d’artifice.
8. Est-ce qu’il t’arrive parfois de supprimer des photos? Si oui pour quelles raisons et lesquelles?
Oui souvent car sinon on accumule trop de photos inutiles. J’efface quand c’est flou. Et j’efface aussi beaucoup de photos pour le travail quand la collection de mode est terminée.
9. Est-ce qu’il y a un objet que tu affectionnes particulièrement uniquement parce qu’il est beau et ce même dénué de sa fonction première ?
Ma bougie Napoléon, c’est un bel objet dans mon appartement qui fait office de « statue », en plus elle sent tellement bon, et puis il a tant marqué notre histoire Française.
10. Est-ce qu’il y a une photo ou un shooting qui t’a particulièrement marqué d’un point de vue esthétique?
La campagne Calvin Klein avec Christy Turlington de Peter Lindberg en 1994.
11.Est-ce que tu dirais que cette expérience dans le mannequinat et les troubles alimentaires que tu as traversés ont eu un impact sur ton image?
Clairement oui. En fait, je me rends compte qu’à 18 ans, j’étais jeune, mon corps changeait, se développait, mes hanches apparaissaient mais je ne voulais pas avoir ce corps de femme qui en plus n’était pas accepté pour les castings.
Aujourd’hui j’ai 35 ans, je me sens bien. J’assume mon corps et ma féminité.
Est-ce qu’aujourd’hui, tu dirais que ton alimentation est perturbée?
Je pense que même si on guérit, on garde des tocs.
Par exemple si je mange un peu trop à un repas, je vais essayer de compenser le lendemain en faisant attention ou en faisant du sport.
Je ne m’interdis rien aujourd’hui mais je fais attention.
J’aime manger sainement, me faire des jus de légumes etc.., même si j’aime aussi me faire plaisir et ne pas culpabiliser. Ce mois-ci, c’est le mois des galettes des rois et c’est clairement mon gâteau préféré ! Ma passion depuis petite !!! Je sais que je devrais compenser derrière.
11. Quel rapport entretiens-tu avec ton corps? Tu fais beaucoup de sport, tu donnes l’impression d’être très attentive à tes besoins ainsi qu’à ton bien-être. Est-ce que tu peux en dire plus.
J’ai toujours aimé le sport. Fitness, équitation, yoga et pilates..etc
Je suis un peu tombée dedans quand j’étais petite grâce à mon père, il a été lutteur professionnel (il a même fait les Jeux olympiques) et mes parents avaient des salles de sport à Paris. J’aime pratiquer du fitness comme les cours Les Mills ou alors faire du Pilates ou Lagree au Snake and Twist.
11. Est-ce qu’il y a une chanson que tu écoutes en ce moment ?
J’écoute beaucoup Shine de Broken Back
12. Peux-tu me donner 2 personnes que tu aimerais découvrir au travers de leur pellicule photos et que je pourrai interviewer ?
Ma soeur Justine Andanson qui a eu plusieurs vies en une seule en passant de journaliste à doula.
Laetitia Chevalier qui a repris Théophile Leclerc, une maison française de cosmétique que ses grands-parents avaient créée et qui existe depuis 1881