Cliché(s) de Marina Lemaire
La pellicule photo de nos smartphones dévoile des fragments de nos vies.J’ai eu envie de me plonger dans celle de Marina pour découvrir ce que ses photos prises à la volée pouvaient dévoiler d’elle.
À l’heure où nous sommes tous agrippés à nos smarphones, que nos mains sont armées d’appareils photos, et que nous sommes désormais en mesure de déclencher un cliché en effleurant d’un seul doigt l’écran de notre appareil avec vivacité et spontanéité, n’avons-nous pas envie de découvrir ce que cela pourrait dévoiler de nous?
Que ces photos soient prises à la volée ou qu’elles soient plus posées - qu’elles soient harmonieuses ou disgracieuses - qu’elles soient audacieuses ou malicieuses - qu’elles soient nettes ou floues - qu’elles soient maladroites ou maîtrisées - qu’elles soient incongrues ou attendues - ces photos ne sont-elles pas prises avec une seule même intention, celle de se souvenir et de maintenir en mémoire quelque chose que l’on pense finir par oublier?
Alors que sont ces photos? Quel rôle ont t-elles? Est-ce pour s’inspirer, pour travailler, pour se regarder, pour se rappeler, pour les garder, pour les regarder, pour se remémorer, et peut être aussi pour ne pas oublier?
De multiples raisons qui aiguisent ma curiosité en tant que photographe et que j’avais envie d’explorer et de faire partager pour que l’on puisse aussi s’interroger soi-même sur le rapport que l’on a avec notre pellicule photos.
Avant de découvrir ce que la pellicule de Marina veut bien nous dévoiler, je vais dérouler brièvement une partie de la pellicule de sa vie.
Marina Lemaire : un souffle libre et sincère
C’est poussé par un vent de liberté et une profonde volonté d’alignement que Marina Lemaire a choisi en novembre 2023, de refermer délicatement la porte d’Archie.
Archie, c'est l'entreprise, qu’elle avait fondée en 2020. Ce n’était pas seulement une aventure entrepreneuriale basée sur sa propre histoire de vie, mais une véritable révolution dans les cuisines françaises et dans l’univers du wellness.
Malgré des millions de chiffres d’affaires générés, un personal branding fort et une médiatisation importante, Marina a quitté sa propre entreprise pour bâtir sa vie comme elle l’entend.
Elle s’offre alors la liberté de s’échapper en Asie pour se retrouver loin du milieu start-up parisien. Cette parenthèse initialement prévue pour quelques semaines, se révélera finalement être sa nouvelle vie. Elle y élit domicile avant de revenir quelques mois plus tard pour s’installer à Londres, rejoignant l’Amour rencontré en chemin.
C’est aussi l’amour de soi qu’elle aura trouvé durant cette période de vie durant laquelle elle a adopté une philosophie de vie forte. :
Celle du retour à l’essentiel.
Elle est aujourd’hui obnubilée par l’idée de faire de la place dans nos quotidiens surchargés nous éloignant toujours plus de qui nous sommes vraiment. Marina me confiera également son principal moteur : celui de faire de son mieux pour contribuer à son échelle à ce qui est devenu son mantra
« Je veux juste qu’on aille bien ».




Son temps, elle le consacre aujourd’hui à cultiver dans son quotidien, comme dans ses relations, la simplicité, l’authenticité et la compréhension de soi « pour mieux écouter les autres ».
Pour elle, le retour aux sources, au vivant et le fait de chérir plus que jamais le temps de se comprendre est la clé d’un équilibre et donc d'un succès professionnel et personnel.
Marina met aujourd’hui ses qualités humaines, ses expériences en communication, branding pour du conseil aux marques et aux fondateurs d’entreprises, ayant de belles visions et de vraies valeurs à défendre.
Une vie parallèle à sa nouvelle grande aventure entrepreneuriale qu’elle dévoilera dans quelques mois…
Aujourd’hui, elle partage sa vie entre 2 eurostars. Quand elle n’est pas à Londres ou à Paris, elle prend le temps de savourer pleinement sa liberté de barouder en sac à dos et de vivre toutes les aventures qui se présentent à elle.
Le jeûne prolongé et les retraites de déconnexion faisant désormais partie intégrante de sa vie, elle aime à inspirer en partageant ce bonheur procuré par le fait de prendre le temps de s’éloigner autant que possible des sollicitations incessantes.
Marina incarne la liberté, celle de s’écouter profondément et d’oser au-delà des attentes et des conventions.
À présent, je laisse Marina se dévoiler via sa pellicule photos.
1.Quel type de photos il y a dans la pellicule photos de ton smartphone ?
Je prends tout en photo, pour partager sans cesse.
Je communique en photos.
Ma pellicule, c’est grossièrement ma vie.
C’est un repère temporel.
J’ai aussi énormément de screenshot. Notamment des messages adorables que je reçois sur mes réseaux. Ca me touche tellement que j’aime en garder une trace.
Et puis je prends soin de classer mes photos par catégories. C’est long mais je fais ça dans l’avion … rare moment de vie où tu n’as aucune connexion :-)
Mon dossier préféré est appelé « les bons moments ».
Juste des clichés de moments où je me suis sentie bien. C’est mon vision board de moments déjà vécus pour manifester à l’univers
« EH JE VEUX ENCORE PLUS DE MOMENTS COMME ÇA STP ! »
Ça ancre un sentiment les photos, tu revis les émotions.
C’est un outil tellement précieux la pellicule !
2. Combien tu as de photos dedans ?
12.778 photos.
C’est excessif mais comparativement à mes potes, c’est pas tant finalement. Petite fierté d'en avoir "peu" sachant que la première de ma pellicule date de 2017.
3. Qu’est-ce que tu penses que ça pourrait dire de toi ?
Ah ça traduit une certaine obsession que j’ai à vouloir faire de la place et c’est un long chemin.
C’est un vrai travail mental que de faire la manip’ de supprimer des photos.
Réduire toujours plus le nombre de photos que j’ai c’est un peu un travail sur ma capacité à lâcher prise.
« Dis moi combien tu es attaché à tes photos et je te dirai combien tu es ancrée dans le présent » ahah.
Plus de 12000 tu vois, c’est encore beaucoup, mais je suis sur le chemin. Ça retranscrit ma volonté de me détacher du superflux, de m’alléger du poids du passé, aussi beau soit-il.
J’aime le challenge de la simplicité du présent.
4. Est-ce que tu vois ta pellicule photos comme une boîte à souvenirs ou plutôt comme une boîte à outils pour travailler ou éventuellement t’inspirer?
Les deux !
Mais je fais attention au côté boite à souvenir.Si mes souvenirs m’ont façonnés je ne veux pas y revenir sans cesse. Les photos peuvent recréer une réalité. Elles figent un instant T et rendent parfois le passé plus beau qu’il ne l’était.
Le plus important, c’est ce que t'as gravé en toi.
La version “pokémon évolué de moi” aujourd’hui aimerait te dire que ma pellicule est simplement un joli outil.
5. Est-ce que si tu partais sur une île déserte sans réseau, tu emmènerais quand même ton smartphone pour faire des photos?
Oui …j'aimerais bien être complètement détachée de ça mais j’en suis encore là soyons honnête.
Mais je me ferai probablement un peu chier sur l’île déserte donc j’en profiterai pour faire du tri dans ma pellicule ;)
6. Est-ce qu’il t’arrive d’imprimer des photos? Ou de les classer?
Oui régulièrement !
J’adore faire ça notamment pour surprendre mes proches à leurs anniversaires. Je repeins les murs de centaines de photos souvenirs rien que pour quelques secondes de surprise à leur réveil … ils commencent à s’y attendre maintenant il faut que je me renouvelle.
7. Est-ce que tu voudrais bien me partager quelques photos qui s’y trouvent ?









8. Est-ce que tu pourrais me dire ce qu’est une belle photo pour toi ?
C’est une photo qui me génère de la joie.
J’ai besoin qu’il y ait de la couleur.
Je suis très touchée par le ciel très bleu et j'adore voir des gens qui sourient à plein bouche.
Je suis sensible à des scènes de la vie quotidienne. Bref, il faut juste que ça me provoque un truc type : "ahhhhhh ça me fait du bien de voir ça".
Je ne suis pas attirée par la mélancolie ou la nostalgie ni sensible à la nature morte.
9. Est-ce qu’il y a un objet que tu affectionnes particulièrement uniquement parce qu’il est beau et ce même dénué de sa fonction première ?
Mon sac à dos ! Il me donne une dégaine vraiment naze, mais c’est mon meilleur compagnon. Et puis il n’est pas très grand alors à cause ou grâce à lui je ne dois embarquer que l’essentiel.
10. Sur le podcast de Jessica Troisfontaine, tu disais que tu avais pris quelques mois pour te couper et partir à l’étranger notamment après avoir arrêté Archie, as-tu capturé cette parenthèse de vie avec des photos?
Je prenais des photos de mon quotidien comme quand j’étais à Paris. Je n’étais pas en mode touriste, je n’ai rien visité puisque j’étais convaincue de m’y installer pour de bon, alors mes photos sont d’une simplicité inouïe d’un quotidien banal dans un autre pays ...
11. Est-ce qu’il y a une chanson que tu aimerais me partager et que tu écoutes assez régulièrement?
Fleet Foxes - White winter hymnal
Pour l’écouter :
Cette chanson c’est ma vie d’après - quand j'ai osé écouter le doux bruit que ça faisait d'avoir tout laissé tomber.
Shazamé dans un café quelques jours après avoir débarqué en Asie. Elle me replonge dans ce moment solo au bout du monde où j’ai pris conscience qu’un nouveau chemin allait s’ouvrir à moi.
L’excitation de savoir que j’avais le courage et les ressources de tracer ma propre route.
12. Peux-tu me donner 2 personnes que tu aimerais découvrir au travers de leur pellicule photos et que je pourrai interviewer ?
Frédéric Birault, le fondateur de Cut by fred. Pour moi, il est l’incarnation de la simplicité. La douceur de ce mec m’inspire depuis des années.
Clotilde Chaumet. L’entendre parler, la lire, la suivre sur ses réseaux depuis tant d’années. J’aime sa sagesse et la générosité avec laquelle elle partage.
Je suis tellement attirée par ces personnalités à part, sensibles et vraiment connectées au vivant. Eux ne trichent pas.
13. On s’apprête à faire un petit shooting pour illustrer l’article, pourrais-tu me dire quel rapport entretiens-tu avec ton image? Est-ce que c’est un exercice difficile pour toi de te faire prendre en photo?
C’est très compliqué pour moi. Je ne me trouve pas jolie.
Je ne suis plus gênée devant l’objectif parce que j’ai fait beaucoup de shooting, mais j’ai toujours beaucoup de mal à regarder le résultat. Je ne me trouve pas photogénique.
Les jeûnes m’ont fait excessivement de bien dans le rapport à ma personne. J’entends par là que je suis plus reconnaissante. J’ai conscience que cette enveloppe physique, qui n’est pas celle que j’ai choisi, est un outil absolument exceptionnel qui me permet de faire tant de choses et rien ne justifie que je sois si dure. Alors j’essaie de m’accepter telle que je suis en essayant de ne plus me critiquer.
Là encore, la route est longue :) j’essaie d’apprécier le chemin.